Accueil Mémoire de la Section : Hommages 2012 2 sept discours G.BRUNEL commémoration CESARIO à GENILLE
2012 2 sept discours G.BRUNEL commémoration CESARIO à GENILLE
Mémoire de la 1843eme Section - Hommages

 

Discours prononcé lors de la cérémonie "CESARIO" le 2 septembre 2012 à GENILLE

 

Messieurs les « CESARIOS »

Monsieur le Maire

Monsieur le Député

Monsieur le vice président du Conseil Général

Mesdames et messieurs les élus

Mesdames, Messieurs.

 

Cette commémoration du maquis CESARIO n’est pas tout à fait comme les autres, cette année pour la première fois nous sommes orphelins. Pour la première fois JAMES et, ou GINETTE ne sont pas là pour nous guider. Pour la première fois nous devons faire sans eux mais avec eux et pour eux.

 

JAMES avait pour habitude de relater au cours de ses discours un fait du maquis. J’ai  essayé de prendre la relève en parlant des hommes de CESARIO, aujourd’hui je vais faire l’éloge d’un homme et d’une fillette devenus avec le temps les parents de CESARIO.

 JAMES en 1941 tu as 20 ans les chantiers de jeunesse vont être le révélateur de ta vie, l’éclosion de ta personnalité, de ta liberté de penser et d’agir.

Tu ne deviens pas résistant tu es résistant, tes chefs s’en aperçoivent et te forment pour devenir un expert en recrutement, renseignement, espionnage, liaison, hébergement, parachutage, sabotage, formation de futurs maquis.

 Recrutement : tu organises des bals clandestins au nez et à la barbe, bienveillante, des gendarmes.

 Renseignement : tu fais parler et étudies la personnalité de chaque volontaire au maquis

 Espionnage : tu te glisses dans la peau et le costume d’un milicien et participe à une réunion au quartier général de la milice à CHATEAUROUX.

 Sabotage : avec l’adjudant-chef REBEN, vous sabotez la voie ferrée à CHAMBOURG résultat : 2 jours sans qu’un convoi nazi ne puisse passer.

 Parachutage : une dizaine à ton actif

 Atterrissage : proche de Marolles sur la route du LIEGE tu organises un terrain qui servira de nombreuses fois.

 Hébergement : avec ton ami BERTHAULT  vous cachez et hébergez jusqu’à 300 réfractaires au travail obligatoire, puis tu fais de COUASNAY un PC et un hôtel sécurisé pour les autorités de la résistance de passage dans la région.

 Embuscade : tu aimais bien te souvenir de celle où vous avez privé un convoi nazi de son camion de carburant découvrant par la même des cartes aux renseignements de la plus haute importance même s’ils n’ont pas été pleinement exploités.

 Mission impossible : traverser le CHER sur une barge nazi avec 30 kilos d’armes sur chaque vélo, impossible ! pas pour toi JAMES ( BOND avant l’heure) et toi ONESIME JAMET.

 Enquête et arrestation : celle du 10 août 1944 doit rester dans nos mémoires et surtout dans celles des habitants de notre bourg.

Un épicier de GENILLE, dit « CAIFFA » est reconnu par toi comme chef de la milice d’INDRE et d’INDRE et LOIRE. En cette nuit du 10 au 11 août ce milicien doit organiser une rafle à GENILLE et prendre 42 otages. Toi et ton équipe vous réussissez à capturer CAIFFA le 10 au soir évitant à 41 familles GENILLOISES de pleurer la disparition d’un des leurs et de vivre heureux la libération de LOCHES moins d’un mois plus tard. Le 42ème otage c’était toi !

 En moins de deux pages je viens de retracer trois ans de ta vie :

3 ans où pour beaucoup tu étais un terroriste

3 ans de bonheur et de tristesse

3 ans où chaque action n’était pas un exploit mais une évidence « il fallait le faire »

3 ans qui n’ont pas suffi à ta soif de liberté puisque tu rejoins le 32éme régiment d’infanterie avec tes camarades de CESARIO et d’EPERNON  pour aller combattre dans la poche de SAINT-NAZAIRE.

La guerre se termine pour toi le 7 mars 1945, tu sautes sur une mine, tu reçois l’extrême onction.

Tu as survécu puis vécu jusqu’à ce 8 juillet 2009.

Tu n’as jamais oublié tes  41 camarades morts au combat ou en déportation.

Tu n’as jamais oublié tes camarades survivants du maquis

Tu n’as jamais oublié tes amis, toujours vrais, pour toi.

Tu n’as jamais oublié le sens du mot LIBERTE.

 Pour ton juste combat la FRANCE t’a fait chevalier de la légion d’honneur, t’a concédé la médaille militaire, t’a attribué la croix de guerre 39/45 avec palmes, la croix du combattant volontaire, la médaille des blessés, la médaille de l’Europe.

La GRANDE BRETAGNE t’a décerné la croix du combattant franco-britannique 1940/1944.

 Voilà JAMES ce que tu as fait pour nous pour que nous soyons libres et que nous n’oublions pas.

 A côté de toi celle que tu avais choisie GINETTE la fillette, la fille, la femme, la mère des « CESARIOS »

 

GINETTE :

 En 1943 tu as 12 ans et tu deviens résistante, certains diront que tu étais inconsciente que tes parents étaient fous que James avait perdu la tête « faire confiance à une enfant pour faire la guerre ».

 A 12 ans tu écoutes les messages de LONDRES pour y détecter ceux qui concernent le maquis CESARIO

 A 12 ans tu apprends le morse pour communiquer avec les avions qui larguent ou atterrissent près de COUASNAY

 A 12 ans tu guides les autorités qui ont atterri près de Marolles jusqu’au PC du maquis.

 A 12 ans tu utilises les codes secrets de l’organisation de résistance de l’armée.

 A 12 ans tu brodes 400 brassards pour tes frères d’armes.

 A 12 ans tu avais entre tes mains la vie des membres de ta famille et des membres du maquis

 A 12 ans la milice et la gestapo ont fouillé la maison familiale 3 fois et jamais tu n’as cédé à la panique.

 A 12 ans tu es déjà une femme consciente de ton action pour que vive la liberté.

 A 12 ans tu es une sinon la plus jeune résistante de ton pays.

 Pour ton combat pour la liberté la FRANCE t’a concédé la médaille militaire, t’a attribué la croix de guerre 39/45, la croix du combattant volontaire, la médaille des jeunes résistants. En 2010 Hervé MORIN alors ministre de la défense a tout fait pour que tu sois chevalier de la légion d’honneur mais l’administration n’a pas le sens du temps ton départ sous le soleil du premier jour d’automne 2011 a devancé de 3 mois le décret qui te faisait chevalier de la légion d’honneur au 31 décembre 2011. Tu imagines la fête que nous aurions pu faire aujourd’hui au moment où une haute autorité militaire aurait agrafé sur ta poitrine ce ruban rouge.

 NON cet homme et cette femme n’étaient pas que des résistants

 OUI cet homme et cette femme étaient libres ils ont offerts leur vie à leur patrie entre 1941 et 1945

 OUI cet homme et cette femme libres depuis 1945 défendaient, honoraient, soutenaient leurs camarades du maquis et leurs veuves

 De Paris ORA à Tours ONAC  ils se sont battus pour que chacun obtienne ce qui lui était dû.     Reconnaissance, pension, secours, médaille.

 OUI cet homme et cette femme étaient libres, pour eux le devoir de mémoire était un sacerdoce, de colloques en collèges, ils témoignaient, pour le docteur MARTINAIS, pour leurs camarades, pour leur maquis surtout lorsqu’il était sali comme en ce printemps 2009

 OUI cet homme et cette femme étaient un homme et une femme libres pour qui un verre de muscadet (là je parle plutôt de James) partagé avec des amis valait bien des réunions officielles.

 OUI, cet homme et cette femme étaient libres, ils ignoraient les différences et partageaient avec tous hospitalité, convivialité, humour et amitié.

 NON vous ne vous êtes pas trompés en venant aussi nombreux témoigner votre respect votre amitié  à un couple exceptionnel.

 Un couple qui n’a pas attendu d’avoir des droits pour faire son devoir.

 Le 15 août 1944 le maquis CESARIO était fort de 8 officiers et de 280 sous-officiers et maquisards tous armés et de 35 véhicules.

Entre le 15 juin  et le 30 août 1944 il participe à 38 opérations, il réceptionne 8 parachutages de matériel, il évacue ou accueille des dizaines d’autorités à partir de l’aérodrome de Marolles ou peuvent atterrir les avions LYSANDEUR.

Il tue 60 ennemis, en blesse des dizaines, fait 13 prisonniers, détruit 21 véhicules, récupère 6 camions, 1 canon anti-char et une moto. Il perd 41 hommes dont 12 déportés.

 Mesdames et messieurs merci.

En leur honneur et pour tous les « CESARIOS » le chant des partisans.

                                                                                   

                                                                                                            Georges BRUNEL

 

 

 

 

 

 

 
 

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