ADIEU GINETTE

 Ginette MARCHAIS ép. THIREAU née le 26 mars 1931 décédée le 24 septembre 2011

Ma très chère GINETTE

Il y a un peu plus de 2 ans, le 8 juillet 2009 tu étais assise là pour dire au revoir à JAMES, accompagnée d’un piquet d’honneur de 38 drapeaux et de 300 personnes dont quelques compagnons d’armes. Tu étais la plus jeune d’entre eux et tu portais tous leurs espoirs pour que vive longtemps CESARIO.

 Tu as connu l’envahisseur à l’âge de 9 ans alors qu’il stationnait dans la ferme où tu vivais avec tes parents : la CREPINIERE près de MAROLLES. Ils t’ont donné des bonbons et ils jouaient de la musique puis ils sont repartis sans rien emporter ni casser. Ta vie d’enfant a continué dans la guerre mais surtout dans la chaleur du foyer familial où tout t’était épargné pour que tu vives heureuse.

En 1942 JAMES THIREAU est entré dans ta vie d’abord comme employé de tes parents puis…

En 1943 tu as 12 ans et tu deviens résistante :  certains diront que tu étais inconsciente que tes parents étaient fous,  que JAMES avait perdu la tête « faire confiance à une enfant pour faire la guerre ! »

A 12 ans tu es une résistante, tu écoutes les messages de LONDRES pour y détecter ceux qui concernent le maquis CESARIO

A 12 ans tu apprends le morse pour communiquer avec les avions qui larguent ou atterrissent près de COUASNAY

A 12 ans tu guidais les autorités qui avaient atterri près de MAROLLES  jusqu’au PC du maquis à COUASNAY

A 12 ans tu utilisais les codes secrets de l’organisation de résistance de l’armée

A 12 ans tu as brodé 400 brassards comme celui qui est déposé sur ton cercueil

A 12 ans tu aurais pu faire tuer tous les membres du maquis, les responsables de l’ORA et ta famille

A 12 ans la milice et la gestapo avaient fouillé la maison familiale 3 fois et jamais tu n’as cédé à la panique

A 12 ans tu étais déjà une femme consciente de ton action pour que vive la France

Je suis certain que tu as toujours su ce que tu risquais malgré ce que tu as pu écrire plus tard, la torture la mort n’étais pas un jeu et tu ne jouais pas, tu avais déjà l’étoffe d’une héroïne.

Avec le débarquement et le nombre croissant de maquisards tu as continué à aider le maquis jusqu’à la libération de la TOURAINE, participant le 4 août 1944 à la réception d’un parachutage de plus de 20 tonnes d’armes et de matériels en forêt de BEAUGERAIS.

JAMES  parti continuer sa guerre à St NAZAIRE tu pouvais penser vivre ta jeunesse dans une région que tu avais libérée, tu l’as certainement fait mais il était écrit que tu retrouverais JAMES et c’est en avril 1948 que vous vous mariez. Trois enfants sont nés de cette union, un garçon trop tôt disparu et deux filles qui illuminaient ta vie comme celle de JAMES.

Votre vie faite de joies, de peines et ponctuée par les accidents de JAMES ... plus de 20  !

Votre vie faite d’amitié vraie, de souvenirs, de rendez-vous avec les 19 morts au combat des rebelles de CESARIO et des 12 déportés qui ne sont pas revenus.

Votre vie qui chaque premier dimanche de septembre s’arrête pour commémorer la mémoire du maquis

Ta vie GINETTE que tu as su prolonger de quelques jours pour vivre dans la douleur le CESARIO 2011.

Ta vie GINETTE que tu sentais partir et qui ta quittée sans bruit, sans déranger, doucement sous le soleil de ce premier jour d’automne.

Pour ton combat pour la liberté, la FRANCE  t’a concédé la médaille militaire, t’a attribué la croix de guerre 39/45, la croix du combattant volontaire, la médaille des jeunes résistants.

Le Ministre de la Défense Hervé MORIN qui est venu te saluer lors d’une de tes dernières sorties avec les médaillés militaires voulait te faire Chevalier de la Légion d’Honneur mais l’administration n’a pas le sens de l’âge...

 GINETTE tu étais la présidente, l’animatrice, la mémoire et la gloire du maquis CESARIO, avec tes frères d’armes nous continuerons à servir ce symbole de liberté.

Chers amis, une héroïne nous quitte, sachons garder en mémoire les leçons qu’elle a su nous inculquer par l’exemple.

Merci.

                                                                                                                               Georges BRUNEL

                                                                                                                   Président de la 1843ème SMM

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